Rando bivouac dans le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval
Rando bivouac dans le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval
Après un an tout pile à sillonner les sommets des Aravis dans tous les sens … cet été, j’ai décidé d’aller un peu plus loin et de partir à la découverte de la Haute-Savoie et de ses plus beaux spots, connus et moins connus.
Pour ce nouveau week-end bivouac, je rêvais de dormir au bord d’un lac de montagne. Mais en ce mois de mai 2021 et avec toute la neige qu’il est encore tombé il y a quelques jours, aucun lac de montagne n’est accessible… Après quelques recherches, je capitule et décide d’aller explorer un endroit que je rêvais de voir de mes propres yeux depuis longtemps. J’embarque une nouvelle fois mon pote Romain @chasseur.de.spots, direction la Vallée du Giffre, pour un bivouac dans le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval (et plus précisément, au chalet du Boret). Et ce lieu ne faillit pas à sa réputation. C’est même encore plus beau que tout ce que j’avais pu imaginer. Je n’ai qu’une hâte maintenant, y revenir à l’automne et en hiver.
Le programme du week-end : quelques courses à Samoëns pour ne pas mourir de faim durant ces 2 jours, petit arrêt à la Cascade du Rouget et départ pour notre rando bivouac dans le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval. Nous prenons la direction du Bout du Monde et du Fond de la Combe pour rejoindre notre spot de bivouac, le chalet du Boret, face aux montagnes (repéré sur le blog de ma copine Clara de Wild Road).
Le lendemain, retour au parking, puis nous roulons vers le col de Joux Plane pour une petite randonnée à la Pointe de la Bourgeoise, un magnifique point de vue sur la vallée du Giffre, le Mont Blanc et de nombreux autres sommets de Haute-Savoie.
Cascade du Rouget
Située à seulement quelques kilomètres du village de Sixt-Fer-à-Cheval, la cascade du Rouget est un spot à ne pas rater si vous venez dans la vallée du Giffre.
On y accède par une mignonne petite route de montagne, en seulement 10 minutes de voiture. La cascade est surnommée la « reine des Alpes » et se compose de 2 chutes pour une hauteur totale d’une centaine de mètres.
Au printemps, au moment de la fonte des neiges, le débit est très important et il est quasi mission impossible de s’approcher de la cascade sans se faire tremper !!
Petit conseil pour les photographes : venez le matin lorsque la cascade est éclairée par les rayons du soleil.
Un petit chemin monte sur la droite de la cascade et permet d’approcher la première chute d’eau. D’ici, on apprécie encore plus toute la puissance de la cascade car l’eau se fracasse à une telle vitesse sur les roches, qu’elle est propulsée dans tous les sens. Difficile à expliquer par écrit, mais il faut le voir de ses propres yeux…
Randonnée bivouac à Sixt-Fer-à-Cheval
× 14 km | 340 m D+ | Aller-retour (possibilité de faire une boucle)
La route pour rejoindre le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval est absolument grandiose. Peu à peu, on découvre l’amphithéâtre formé par les montagnes et au printemps, de nombreuses cascades dévalent les falaises qui bordent la route. Un tout petit avant-goût de ce que nous allons découvrir plus tard.
Après avoir chargé nos gros sacs, on commence notre randonnée. Après avoir parcouru à peine 200 mètres à travers la forêt, le chemin débouche sur une grande prairie avec une vue à 360° sur les falaises du cirque et les dizaines de cascades qui coulent. A cette période, le haut des montagnes est encore bien enneigé et les cascades coulent à flots. Le panorama est juste incroyable ! C’est ici qu’on trouve la maison du parc où vous pourrez demander des informations et vous pourrez même boire un petit coup en terrasse d’une des quelques buvettes. Il y en a même un peu plus loin, le long du chemin de randonnée !
On suit le panneau “Chalet du Boret par Le Bout du Monde” qui indique 2h25 de marche. On se dit alors qu’on arrivera bien trop tôt au spot de bivouac car il n’est que 13h. Mais c’était sans compter sur la centaine d’arrêts photos qui nous ont fait finalement atteindre le Chalet du Boret en… tenez-vous bien… 5 heures pour faire 6 km !! Je crois que c’est le pire temps de ma vie !!! Mais je pense que vous comprendrez vite pourquoi.
Le sentier s’enfonce entre les falaises et suit la rivière sur une piste carrossable jusqu’à la passerelle de Samosse puis la passerelle de Prazon où se trouve une buvette. Nous avons pris le chemin à gauche de la rivière car le sentier de droite était en partie fermé à cause des nombreux névés encore présents sur le chemin.
A cette période, de nombreuses cascades coulent sur les falaises qui bordent le chemin et il y a de nombreux ruisseaux à traverser. Mieux vaut avoir de bonnes chaussures ! Il est possible de s’approcher de la plupart des cascades.
Mais restez prudents car avec la fonte des neiges, de nombreux blocs de glace ou de neige se détachent des falaises et viennent s’exploser plus bas dans la vallée.
Pour rejoindre le chalet du Boret, il existe deux itinéraires :
- le Pas du Boret (déconseillé dans le sens de la descente)
- le Bout du Monde
Nous décidons de monter par le “Bout du Monde” car on a le temps et j’ai vraiment envie de voir cet endroit. De plus, c’est l’après-midi que les falaises du cirque sont éclairées.
Le chemin carrossable laisse place à un sentier qui commence à grimper un peu. Le “Bout du Monde” porte tellement bien son nom : on se croirait dans Jurassic Park ! Face à nous, les falaises forment un cirque d’où de nombreuses cascades surgissent et lorsqu’on se retourne, on découvre la vallée dans laquelle nous avons marché avec dans le fond, le méandre de la rivière. Grandiose !
Ne ratez pas la petite grotte cachée juste derrière la dernière cascade.
Pour rejoindre le chalet du Boret, il faut continuer de grimper un petit peu et prendre à gauche (il y a des panneaux d’indication) par un petit sentier qui monte dans la roche. Le chemin serpente dans la montagne et traverse de nombreuses rivières, qui ne sont en fait, ni plus ni moins que les cascades qui coulent ensuite dans la vallée.
Attention donc car si vous tombez ici, vous finirez votre chute, une cinquantaine de mètres plus bas ! Soyez donc prudents…
Un peu plus loin, il reste encore un gros névé posé au-dessus de l’eau. On ne s’attarde pas longtemps et on essaye de passer le plus vite possible car la neige forme un énorme pont de glace au dessus du torrent et avec la chaleur, celui-ci pourrait céder d’une minute à l’autre. Encore une fois, soyez prudents.
Nous avions vu qu’il fallait faire le plein d’eau par ici car après nous n’en trouverions plus. Mais en fait, après un petit moment dans la forêt, où nous avons croisé plusieurs bouquetins, nous croisons un dernier petit torrent juste avant d’arriver au chalet !
Nous arrivons finalement à 18h au chalet du Boret. Le lieu est idyllique et bucolique : une grande prairie bien verte entourée de sommets et de quelques cascades.
D’ailleurs, je vous conseille de prévoir les boules Quies!
Nous croisons le propriétaire et nous lui demandons l’autorisation de bivouaquer par ici. Il accepte et nous passons une bonne heure à discuter avec lui.
Il nous apprend que la semaine passée de nombreux touristes sont venus camper ici : ils ont laissé leurs déchets, fait caca devant sa porte et déplacé ses tas de pierres. Le proprio était dingue. Nous le rassurons en lui disant que ce n’est pas du tout notre habitude ! Ce genre de comportement est dû au fait que le bivouac est devenu encore plus à la mode avec le covid. Sauf qu’il y a des règles, et la première ainsi que la plus importante, est de ne laisser aucune trace et de rentrer avec ses déchets. Voir ci-dessous les quelques tips.
Le chalet du Boret fait buvette à partir de début juin en général. Ce qui malheureusement n’était pas notre cas.
Depuis ici, il est également possible de rejoindre le refuge et le lac de la Vogealle. Quand nous y sommes allés, le sentier était encore trop enneigé et trop exposé aux chutes de neige.
On trouve un endroit à peu près plat pour se poser. On ne monte pas la tente tout de suite, nous le ferons à la tombée de la nuit (un autre principe du bivouac) ! On admire la brume jouer autour des sommets et les derniers rayons éclairer les falaises tout en buvant du bon vin blanc et en préparant notre fondue.
La fondue est vraiment pratique quand on part une nuit en bivouac et qu’il n’y a pas de point d’eau. Pas trop lourd à transporter et si on ne dort pas proche d’un lac ou d’une rivière, cela évite de porter un ou deux litres d’eau supplémentaires pour cuisiner.
On entend très régulièrement de nombreuses avalanches et on voit la neige couler sur le versant face à nous. Un spectacle saisissant.
Après un bon repas, il est l’heure de monter les tentes et de s’endormir alors que la nuit commence à tomber.
Réveillée vers 3h30 du matin, je décide de jeter un coup d’œil hors de la tente. Et je ne peux m’empêcher de lâcher un grand WAOUH ! Les nuages présents dans le ciel au coucher ont laissé place à un magnifique ciel étoilé. J’essaye de réveiller Romain qui dort à poings fermés. Tant pis, je profite seule et essaye de faire des photos, quand quelques minutes plus tard, je vois la lune se lever derrière la montagne. En l’espace de quelques secondes, les montagnes sont éclairées presque comme en plein jour. Un spectacle grandiose que je n’ai pas vraiment pu immortaliser en photos mais j’en ai profité à fond avec les yeux !
Allez je retourne me coucher car le réveil sonne à nouveau dans 2 heures pour le lever de soleil.
5h30, le réveil sonne et je galère à sortir de la tente. J’ouvre la fenêtre de la tente et regarde la vue. Ça va, j’ai le temps de comater un peu avant l’arrivée des couleurs du lever de soleil ! Une vingtaine de minutes plus tard, le spectacle commence. Un bon café entre les mains, on regarde les premiers rayons de soleil éclairer les montagnes face à nous. Je crois que ce sont les instants que je préfère en bivouac, ce calme dans la montagne au lever et au coucher du soleil.
On prend notre temps et on monte un peu plus haut voir les quelques bouquetins qui sortent profiter du soleil. Vers 9h (mine de rien ça fait déjà 3h30 qu’on est levés!!), on plie le campement et on commence notre redescente par le même chemin, via le “Bout du Monde”. Les premiers rayons de soleil commencent à nous éclairer, ça fait un bien fou.
Après seulement 10 minutes de marche, on croise un grand troupeau de bouquetins avec des bébés dans la forêt. On les regarde pendant de longues minutes et les jeunes sont plutôt curieux. De retour dans la vallée, on croise les premiers marcheurs de la journée. On découvre alors la vue sous le soleil que nous n’avions pas eu la veille.
On décide de prendre le sentier fermé à cause des névés car on nous avait indiqué que cela n’était pas dangereux mais surtout déconseillé aux personnes venues en balade avec leurs petites baskets.
On fait un petit arrêt bière à la buvette de Prazon. Vu qu’il est déjà 11h passées, on troque le café contre une bonne bière fraîche. Le soleil et la chaleur sont bel et bien au rendez-vous aujourd’hui, on se dessèche !
On rentre tranquillement à la voiture vers 12h30, encore une moyenne de marche fantastique ce matin ! Mais on a pris notre temps et on a profité de cet endroit absolument magnifique.
Quelques tips
Le parking le plus proche du début de la randonnée est payant : 6 euros par voiture. Si vous ne souhaitez pas payer, il vous faudra vous garer 3 km pls bas, au niveau du parking où se trouve le péage.
Le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval fait partie de la réserve naturelle de Sixt-Passy, la plus grande réserve de Haute-Savoie. Une règlementation stricte s’y applique et les gardes veillent au grain :
- Le camping est interdit mais le bivouac (19h-9h) est toléré à certains endroits. Nous avons bivouaqué aux abords du chalet du Boret. N’oubliez pas de demander l’autorisation avant de vous installer. Nous avons discuté pendant une heure avec le propriétaire des lieux qui nous a expliqué que certains randonneurs se sont servis de ses cailloux, ont littéralement déféqué devant sa porte, ont laissé des déchets partout autour de chez lui et on même fait du feu. L’une des règles les plus importantes en bivouac est le « Leave no Trace » ou comment ne laisser aucune trace de son passage en repartant avec ses poubelles et en laissant la nature propre pour ceux qui passeront après.
- Les feux et les drones sont strictement interdits, sous peine d’une amende de 1 500 €.
- Les chiens sont acceptés sur certaines portions du sentier. Renseignez-vous avant de vous y rendre.
- Depuis le chalet du Boret, il est possible de rejoindre le refuge et le lac de la Vogealle. Au mois de mai-juin, ne vous aventurez pas sans être sûrs que le chemin est praticable. De nombreuses avalanches de neige peuvent se déverser sur le sentier.
- Si vous souhaitez faire une boucle, vous pouvez monter au Chalet du Boret par le pas du Boret et redescendre par le fond de la combe. Le pas du Boret est très aérien et vertigineux et à priori déconseillé à la descente.
- Conseils pour les photographes : le fond de la combe et le cirque sont éclairés par le soleil l’après-midi.
Résumé en vidéo
Quoi de mieux qu’une petite vidéo récapitulative pour découvrir le cirque de Sixt-Fer-à-Cheval en Haute-Savoie ?
Pointe de la Bourgeoise au Col de Joux Plane
× 2,5 km | 300 m D+ | Aller-retour
Nous avons croisé, durant notre randonnée, deux locaux qui nous ont conseillé cette petite balade avec à la clé « une magnifique vue ».
On prend donc la route du Col de Joux Plane où on fait un petit arrêt pique-nique face au Mont-Blanc et aux plus hauts sommets des Alpes, avec en cadeau, un parterre de crocus.
Puis on redescend en voiture pour se garer un peu plus bas.
Il est possible de partir depuis le Col de Joux Plane, plus long, moins de dénivelé mais moins de vue. De même, si vous souhaitez corser ou rallonger la randonnée, vous pouvez partir de bien plus bas.
Cette petite balade nous fait monter à la Pointe de la Bourgeoise par les crêtes. Dommage, le Mont Blanc s’est couvert… mais la vue n’en reste pas moins belle avec les sommets enneigés, les falaises et la vallée de Samoëns. La montée est un peu raide par endroit mais plutôt constante si bien qu’en 30 minutes nous arrivons au sommet. La vue tient toute ses promesses. On se pose un bon moment avant de redescendre à la voiture pour retourner dans notre vallée des Aravis.