Ascension du Grand Mont dans le Beaufortain en ski de rando

Ascension du Grand Mont dans le Beaufortain en ski de rando

A l’automne dernier, j’étais tombée amoureuse de la vue depuis le sommet du Grand Mont lors de ma randonnée aux lacs de la tempête, dans le Beaufortain. Depuis le sommet, marqué par une superbe croix en bois, on a vraiment l’impression d’être sur le toit du monde et de dominer toute la Savoie et les massifs alentours des Alpes. Et pourtant, le Grand Mont n’est autre que le 8e sommet le plus haut du Beaufortain, culminant à 2 686 m d’altitude, le plus haut atteignant presque les 3 000 m. Je rêvais donc d’y retourner en version hiver et découvrir le panorama sur les montagnes enneigées. Cela me trottait dans la tête depuis un moment mais je ne savais pas si le sommet du Grand Mont était accessible en ski de randonnée. Après quelques recherches, il s’avère être très réputé voire même très fréquenté en hiver avec de nombreuses voies d’accès différentes dont je vais vous parler tout de suite un peu plus bas.

Itinéraire de la sortie en ski de rando

× 12 km    |    960 m D+

Il existe une multitude d’itinéraires pour rejoindre le sommet en ski de randonnée. La version la plus courte ne vous fera faire que 300 m de dénivelé positif, alors que la plus longue, pourra vite grimper à plus de 2000 m de D+. Je ne vais pas m’attarder à vous détailler tous les topos de chaque voie car il en existe énormément et je ne les ai pas testées. Vous pouvez retrouver tous ces détails sur le site internet de ski tour (une mine d’or pour préparer ses sorties et ses itinéraires ainsi que pour avoir une idée de l’état de la neige dans certains secteurs).

Sur cette journée, je ne voulais pas faire plus de 1000m de D+ et surtout ne pas prendre de risques sur des itinéraires peu tracés car je suis partie avec une amie qui, comme moi, n’est pas encore spécialiste en nivologie. Il était donc primordial de trouver un tracé plutôt secure.

Le domaine de ski alpin d’Arêches-Beaufort et Dyanfit proposent 4 itinéraires de ski de randonnée balisés dont 2 qui permettent de se rapprocher du sommet du Grand Mont (mais avec obligation d’utiliser les remontées mécaniques).

Même sur les itinéraires balisés et sécurisés, je vous incite à prendre votre matériel de sécurité : DVA, pelle et sonde. La dernière partie qui permet de rejoindre le sommet du Grand Mont n’étant pas balisée ni sécurisée, il est donc impératif et primordial d’avoir le matériel de sécurité sur vous. Les itinéraires balisés sont ouverts aux mêmes horaires que le domaine de ski alpin (excepté la Trace Nocturne). En cas de danger (enneigement, météo, avalanche…), les itinéraires sont fermés par le service des pistes. N’oubliez pas de consulter le bulletin d’ouverture en ligne et la signalisation située au départ des itinéraires.

itinéraires de ski de rando balisés par domaine de ski alpin d'Arêches Beaufort

Voici les différentes possibilités empruntant les traces balisées par Arêches-Beaufort :

×    18 km    |    1 700 m D+
En commençant directement depuis la station d’Arêches.

×    15 km    |    960 m D+
En empruntant le télésiège du Grand Mont, il vous faudra emprunter deux traces balisées (la trace rouge et la trace bleue) pour finir par du hors-piste jusqu’au sommet. La trace rouge nécessite de savoir faire des conversions. Avec le forfait Rando 1700, le coût du trajet en télésiège est de 8,3€ ce qui vous permettra de réduire l’itinéraire jusqu’au sommet à 960 m D+ et 6 km de montée.

×    13 km    |    640 m D+
Afin de vous rapprocher encore davantage, vous pouvez récupérer le télésiège des Bonnets Rouges à la sortie du télésiège du Grand Mont. Vous n’aurez alors que la trace bleue à faire et le hors-piste jusqu’au sommet. Le coût du forfait Rando 2000, pour les deux remontées mécaniques, est de 16,60€. Cette option vous fera faire 640m D+ et 4 km de montée.

×    11 km    |    320 m D+
Pour les plus paresseux mais pas pour les débutants car cette partie ne s’effectue qu’en hors-piste (avec matériel de sécurité indispensable), vous pouvez monter jusqu’au sommet du col de la Forclaz grâce aux remontées mécaniques et ainsi ne faire que les deux derniers kilomètres et les 320 m de dénivelé positif. Par contre, il n’existe pas de forfait ski de rando pour cela, il faudra payer le prix du forfait alpin à la journée soit environ 32€.

Pour l’itinéraire de la descente, vous pouvez faire du hors-piste notamment en face Nord ou en skiant proche des pistes. Nous avons décidé de redescendre par les pistes de ski alpin pour plus de sécurité.

Si vous avez déjà une carte magnétique (n’importe quelle carte française ou suisse commençant par 01-16…), vous pourrez acheter ces différents forfaits directement en ligne sur le site internet d’Arêches-Beaufort. Il vous suffit d’entrer le numéro de votre carte au moment de l’achat en ligne et comme ça vous n’aurez pas besoin de faire la queue aux caisses des remontées mécaniques.

Nous avons opté pour l’option à 900m de dénivelé car nous voulions à la fois mériter le sommet et profiter de cette belle journée d’hiver ensoleillée mais aussi ne pas payer 16€ pour deux remontées mécaniques !

Récit de cette journée

Nous quittons notre Haute-Savoie pour rejoindre le département de la Savoie. Nous arrivons à Arêches juste à temps pour l’ouverture des remontées mécaniques. Un parking gratuit se situe juste en face du télésiège Grand Mont, bien pratique ! On vérifie une dernière fois que nous n’avons rien oublié dans nos sacs : le matériel de sécurité (DVA, pelle et sonde), le casque, des habits chauds, le pique-nique, des encas et de l’eau, des gants, les peaux (indispensables !!!!), l’appareil photo…

Après avoir grimpé les quelques marches qui mènent au départ du télésiège du Grand Mont, nous chaussons les skis, sans les peaux, bien sûr, et nous voilà parties pour une petite dizaine de minutes de voyage. Nous grimpons en altitude et le soleil sort enfin de derrière les montagnes pour nous éclairer et nous réchauffer. A la sortie du télésiège, nous prenons à droite afin de rejoindre le début de l’itinéraire balisé de ski de rando, la Trace Rouge… même sentier au début que pour les raquettes.

Comme je le précisais plus haut, nous avons donc choisi de faire les 2 itinéraires balisés par la station Arêches-Beaufort, la trace rouge et la trace bleue avant de rejoindre la dernière partie en hors piste vers le sommet. L’ascension se décompose en 3 portions quasi égales de 300 m de dénivelé positif et d’environ 2 km.

On fixe les peaux et on fait un check ensemble de nos DVA. La station d’Arêches-Beaufort a pensé à tout puisqu’une borne est placée au début de l’itinéraire permettant ainsi aux personnes seules de vérifier leur DVA. Comme je le mentionnais, la trace rouge nécessite de savoir faire des conversions.

Et ça attaque tout de suite dans le dur : on doit faire quelques conversions au beau milieu des bois et dans des pentes plutôt raides ! Bon aucun danger par contre car il n’y a pas de vide. Après ce passage dans la forêt, on longe sur une centaine de mètres les pistes de ski alpin avant de déboucher sur une grande piste ouverte, sous un télésiège… mais avec une vue incroyable sur le Mont Blanc et la Pierra Menta, sommet mythique du Beaufortain.

L’itinéraire de ski de rando s’éloigne enfin un peu des pistes pour notre plus grand bonheur. Il n’y a vraiment pas grand monde sur la trace rouge mais les rares personnes qui nous doublent (oui oui, c’est dimanche, on papote, on profite du soleil, on n’est pas pressées !!) tracent, tête baissée, sans même un bonjour ou un sourire !

Cette partie est vraiment jolie, plutôt nature avec de jolis points de vue et même de la neige vierge par endroit ! Après 300 m de dénivelé positif et environ 2 km, nous arrivons à la fin de la Trace Rouge. Sans transition, nous enchaînons avec la Trace Bleue… mais contrairement à la Trace Rouge, elle nous paraît interminable, alors qu’il y a le même dénivelé et seulement 500 m de distance en plus. Il n’y a quasi aucune conversion mais de nombreux passages en dévers, toujours dans le même sens… la cuisse droite force donc beaucoup plus que la gauche… c’est ultra fatiguant !

On arrive enfin au col de la Forclaz, le terminus des remontées mécaniques. Ma copine décide de s’arrêter là et j’avoue que je suis bien KO aussi. Mais comme je sais que la vue depuis le sommet est grandiose, je refuse d’abandonner et je décide de grimper au mental. Il ne reste que 2 petits kilomètres à gravir et un peu moins de 300m de D+. L’objectif est d’y arriver en 45 minutes, de faire quelques photos et de retrouver mon amie pour pique-niquer ensemble au col.

Cette partie n’est pas balisée mais, comme il n’a pas neigé depuis plusieurs semaines, l’itinéraire est plutôt bien tracé par les nombreux passages de skieurs en ski de rando.

Attention, un itinéraire tracé n’est pas synonyme de sécurité et ne veut pas dire qu’il n’y a aucun danger. Évitez de partir seul et n’oubliez pas d’emporter votre matériel de sécurité : DVA, pelle et sonde).

Au début, l’itinéraire passe dans un joli vallon en faux plat, dos au Mont Blanc… avant de continuer plein ouest, dans un petit goulet un peu plus raide mais sans difficulté ce jour-là. Je ne garantie pas qu’avec de la neige fraîche ou verglacée, cela soit aussi facile de faire des conversions… J’ai les cuisses qui me brûlent (hier, j’ai déjà fait 900m de D+… du coup, j’ai quelques séquelles) ! J’ai l’impression de me traîner et de ne pas en voir le bout jusqu’à ce que je vérifie mon téléphone et découvre qu’il ne me reste qu’une petite centaine de mètres de dénivelé… j’ai fait les 2/3, youhou !

Je me remotive et essaye de m’imposer un rythme quasi militaire pour ne pas réfléchir à la douleur qui s’installe : je grimpe 30 pas par 30 pas en faisant 10 secondes de pause entre chaque série ! Heureusement, à la sortie de ce petit goulet raide, je commence à reconnaître l’itinéraire que j’avais emprunté à l’automne, quelques mois plus tôt…

Une dernière petite grimpette et la Croix au sommet du Grand Mont apparaît, plus proche que jamais. Je ne suis pas seule, ça change de l’automne dernier où nous étions restés plus de 2 heures à admirer la vue sans aucune trace de vie humaine ! Le panorama est toujours aussi grandiose que dans mes souvenirs. Sauf que comparé à cet automne, il s’agit d’un panorama quasi monochrome avec seulement du blanc à perte de vue, dans un océan de ciel bleu. Je dois dire, qu’avec tous ces sommets blancs immaculés, on se croirait sur le toit du monde, au sommet de l’Everest… et tous les sommets des Alpes autour de moi paraissent ridiculement petits (sauf peut-être le Mont Blanc qui se dresse face à moi). Et je crois qu’avec la neige, cela donne même presque plus de relief. D’un côté, on peut admirer les Aravis, la Tournette et les Bauges… de l’autre, les Écrins, la Vanoise et le Beaufortain s’étendent face à moi.

Ma copine m’attend au col, je ne peux malheureusement pas rester trop longtemps. Je retire les peaux de mes skis de rando, ajuste mes chaussures et sors la cagoule, attache le casque et mets les gants pour attaquer la descente. Après quelques virages dans le goulet un peu raide, je fais du tout schuss dans le replat avant d’arriver au col de la Forclaz. Seule dans la descente, je skie en tête à tête avec le Mont Blanc… quel bonheur de skier face à lui. Je retrouve Manon au col et on se pose toutes les 2 pour profiter du soleil et grignoter un petit encas. C’est déjà l’heure de redescendre. Manon prend la tête car elle connaît le domaine de ski alpin d’Arêches-Beaufort. Elle dévale les pistes à toute allure, sans s’arrêter. Je n’ai vraiment plus du tout d’énergie dans les cuisses et je dois avouer que je souffre. A ce moment là, je me dis « heureusement que nous descendons sur les pistes damées car j’aurais vraiment galéré à faire du hors-piste avec si peu de force dans les jambes ». Nous terminons par une longue piste noire, raide et un peu verglacée, qui arrive directement au village d’Arêches, juste à côté du parking et du départ du télésiège du Grand Mont, où nous sommes montées ce matin.

On déchausse les skis et on marche péniblement jusqu’au parking afin de se changer et ranger le matos. Un petit détour jusqu’au petit bar « Chez Dédé » pour clôturer cette magnifique journée en Savoie avec un chocolat chaud, pour Manon et un vin chaud, pour moi ! Ce petit bar chaleureux est en quelque sorte le QG des villageois avec sa décoration vintage de ski alpin. Un petit coin bien sympa !