La petite ville de Yeghegnadzor, située à 2h au sud de la capitale, n’a pas grand intérêt en soi, mais elle est entourée de collines dorées et de montagnes aux reflets rouges. Elle est un très bon point de départ pour de magnifiques randonnées dans les montagnes environnantes afin de rejoindre des monastères ou forteresses perdues. La ville est paisible et calme (peu de touristes y séjournent) et la gentillesse des locaux dans cette région est encore plus remarquable que dans les autres régions.
La route entre Erevan et Yeghegnadzor passe par de magnifiques paysages. Quelques villages jalonnent la route et on croirait même parfois que ce sont des petits oasis de verdure au milieu du désert. Quand le bus me dépose à Yeghegnadzor, je me demande tout d’abord si le chauffeur ne s’est pas trompé ! La ville ne paye pas de mine mais les paysages qui l’entourent sont vraiment très beaux. J’ai passé deux jours complets dans la région de Yeghegnadzor : une demi-journée pour randonner jusqu’au monastère de Spitakavor, une petite demi-journée pour visiter et me rendre à pied au monastère de Noravank et une journée pour une belle randonnée jusqu’au monastère de Tsaghatskar et la forteresse de Smbataberd.
Yeghegnadzor est un paradis pour les randonneurs, je vous conseille donc de vous y arrêter ! Et si vous avez du temps, il y a de nombreuses autres randonnées à faire dans le coin.
Il est également possible de visiter des caves car il s’agit d’une région viticole. Comme je savais que j’allais en Géorgie après l’Arménie, j’ai préféré le faire là-bas. Vous pourrez également visiter les grottes d’Areni.

Randonnée jusqu’au monastère de Spitakavor

×    12 km    |    900 m D+    |    Boucle

Point de départ : village de Vernashen (au dessus de Yeghegnazor)

Après avoir traversé le minuscule village de Vernashen, on arrive dans une sorte de petit canyon verdoyant entouré de falaises bien sèches. Le contraste est superbe. Au fond de cette petite vallée coule une petite rivière, c’est vraiment mignon et bucolique. La randonnée est vraiment très peu touristique, je ne croise qu’une seule personne dans les montagnes, un arménien !

J’aperçois quelques petites maisons perdues dans la montagne peu de temps avant d’arriver au monastère de Spitakavor. Le monastère est très mignon et offre une vue incroyable sur la vallée et les montagnes. Mes seules copines ici sont les vaches ! Je croise seulement 2 touristes montés en voiture jusqu’au monastère.
Je quitte le monastère par le même sentier mais je bifurque ensuite sur la droite pour rejoindre une piste. Je passe un petit village et croise quelques bergers avec leurs moutons et leur chien. La descente est magnifique avec de jolies vues sur les montagnes environnantes et on peut même apercevoir le mont Ararat et son sommet enneigé.
Une fois de retour au village de Vernashen, il vous faudra faire du stop car le village se situe au bout de la route, donc quasi aucun taxi. J’ai eu la chance de croiser un chauffeur de taxi, Stephan, qui m’a redescendue gratuitement dans sa vieille Lada verte. Aussi gentil que drôle, j’ai même sympathisé avec lui et il a donc été mon chauffeur pour mes autres randonnées !

Petite randonnée pour rejoindre Noravank et visite du monastère

×    3 km    |    170 m D-    |    Aller simple

Point de départ : Hameau de Amaghu sur la H40 (coordonnées GPS pour le taxi : 39°41’04.7″N 45°12’50.4″E)

La route pour rejoindre le point de départ de la randonnée est vraiment très belle. Lorsque votre chauffeur vous déposera au hameau d’Amaghu et ses maisons abandonnées, vous vous direz sûrement qu’il s’est trompé. Mais non, c’est bien là !
Cette randonnée ne fait que 3 kilomètres mais je crois que je n’ai jamais mis autant de temps pour parcourir une si petite distance. A chaque pas, je me suis arrêtée prendre une photo. Il faut dire que je n’imaginais pas du tout voir des paysages comme ceux-là : la rando surplombe un canyon de roches rouges où sillonne la route qui rejoint le monastère et on aperçoit même Noravank au loin, entouré de montagnes aux couleurs ocres. C’est juste grandiose !
Sur les 3 kilomètres de randonnée, le chemin descend quasiment tout le temps mais, après avoir traversé la route, réserve une bonne petite montée finale pour arriver au monastère de Noravank.

Il est 16h quand j’arrive finalement à Noravank. A cette heure-ci, il n’y a presque plus de groupes de touristes. Je passe un bon 1h30 à me balader dans et autour du monastère. Il faut dire que le cadre est incroyablement beau et les couleurs de fin de journée également !

Je vous conseille de sortir de l’enceinte du monastère et prendre un peu de hauteur pour avoir une vue sur Noravank et les falaises rouges en arrière-plan !
Il est vraiment très agréable de venir en fin d’après-midi comme je l’ai fait car il y a beaucoup moins de monde et pour les photographes en herbe, les couleurs des falaises ressortent davantage ! Attention, à cette heure-là, il n’y aura certainement plus de taxis sur le parking. Il vous faudra donc héler les touristes qui sortent du monastère pour qu’ils vous déposent en ville ou tout du moins, vous déposent sur l’axe principal où il sera plus facile de faire du stop ou prendre un marshrutka.

Randonnée pour le monastère de Tsaghatskar et forteresse de Smbataberd

×    10,2 km    |    550 m D+    |    Aller simple (arrivée au village de Yeghegis)

Point de départ : village de Artabyunk, à droite sur la M10 (coordonnées GPS pour le taxi : 39°52’54.1″N 45°20’24.4″E)Stephan, mon chauffeur préféré, vient me chercher à la guesthouse de Ruzan pour m’emmener au point de départ de la randonnée. Attention, téléchargez bien les coordonnées GPS que je vous donne plus haut pour pouvoir indiquer la route à votre chauffeur. Pour vous dire, Stephan a dû demander son chemin à plusieurs reprises, heureusement que j’avais repéré à l’avance le lieu du départ pour lui indiquer la route !
La randonnée grimpe rapidement dans les montagnes rocailleuses permettant d’avoir de jolies vues sur les vallées environnantes. Le premier arrêt est le monastère de Tsaghatskar. Pour le rejoindre, il faut traverser une grande prairie, mais heureusement comme on a le monastère en ligne de mire, impossible de se perdre ! Là haut, un arménien me tient compagnie. Le site est composé de deux petits monastères et d’anciennes tombes, des Kachkars, jalonnent le sol (comme dans tous les monastères d’Arménie). N’hésitez pas à aller jeter un petit coup d’œil aux ruines qui se trouvent à une centaine de mètres.

Pour rejoindre maintenant la Forteresse de Smbataberd, il faut rebrousser chemin sur une partie du trajet puis bifurquer et monter en face sur une autre colline. Je suis seule à visiter le site. J’ai seulement croisé une bande de potes de Erevan qui redescendaient.
La forteresse en elle-même n’est pas très intéressante. Par contre, de là-haut, j’ai une vue à 360° sur la vallée et ses petits villages. On pourrait croire que ce sont des oasis car les villages sont entourés de végétation verdoyante ce qui contraste avec les collines dorées et sèches.
Je vous conseille de monter au sommet de la Forteresse de Smbataberd pour apprécier encore plus la vue et surtout voir la forme triangulaire de la forteresse. Une fois redescendu, vous pouvez vous rendre à l’autre bout de la forteresse où une porte donne sur une terrasse puis le vide. Assez sympa et photogénique !
Une fois de plus, il faut rebrousser chemin puis descendre en direction du village de Yeghegis. La descente est jolie mais un peu longue.

Smbataberd vue du ciel drone Arménie
Vue depuis la forteresse de Smbataberd Yeghegnadzor

Arrivée au village, je passe devant un petit papi qui regarde des baies rouges sécher au soleil. Il me propose de rentrer prendre un café. J’accepte volontiers. A l’intérieur, sa femme et sa fille se démènent pour me préparer un café, elles m’amènent des poires et des noix à manger et à ramener dans mon sac. Ils sont extrêmement gentils mais il est difficile de communiquer. Ce qui est dingue, c’est qu’ils ont l’air très pauvres (ils sont habillés avec des vêtements troués et sentant un peu le rance) mais ils ont le cœur sur la main.
Je ne reste pas longtemps car je dois encore trouver une voiture pour revenir à Yeghegnadzor, récupérer mon sac et prendre le minibus pour rentrer à Erevan.
Je trouve un local qui me ramène dans sa Lada 4×4. Pas sûre qu’il soit totalement à jeun d’alcool, il me propose d’ailleurs de la vodka. Je m’entends même prier en silence pour ne pas avoir d’accident !! Heureusement il n’y a pas grand monde sur la route.

Conseils pratiques

Où dormir à Yeghegnadzor ?

Ruzan Bed & Breakfast : j’ai passé mes 2 nuits dans cette petite guesthouse que je recommande les yeux fermés. La guesthouse se situe à 2 km de la route principale sur les hauteurs de la ville, mais aucun regret. La maison est confortable, avec un beau jardin et deux terrasses : une à l’abri de la vigne avec une grande table et l’autre, très petite et accessible via une échelle, qui offre une vue panoramique sur les collines alentours.
Ruzan la propriétaire offre un superbe accueil, elle parle d’ailleurs un peu français ! Son mari, qui lui ne parle ni français ni anglais, est malgré tout au petit soin. Les petits-déjeuners, inclus dans le prix, sont très copieux et principalement cuisinés maisons par Ruzan (pour dire, j’ai même emmené quelques restes pour faire un pique-nique lors d’une randonnée !)

Où manger à Yeghegnadzor ?

Il y a très peu de choix à Yeghegnadzor. Heureusement le premier soir, j’avais des restes de mon dîner de la veille. Et le deuxième soir, j’ai testé le café Aygi, situé dans le parc au centre de la ville où on trouve une grande roue. On n’y trouve pas vraiment de la nourriture locale mais j’ai commandé une pizza que j’ai ensuite mangée à la guesthouse ! En temps normal, il me semble que Ruzan peut cuisiner le dîner pour ses hôtes mais comme j’étais toute seule à loger dans la guesthouse à cette période, on a décidé que cela n’était pas nécessaire.

Randonner dans la région de Yeghegnadzor

Pour toutes vos randonnées en Arménie, je vous conseille de télécharger l’application Hike Armenia qui recense des dizaines de randonnées dans toutes les régions d’Arménie. Voici les liens pour les 3 randonnées que j’ai effectuées autour de Yeghegnador :

Il n’y a aucun marshrutkas pour rejoindre les points de départ de randonnée ou pour rejoindre le monastère de Noravank. Il faut donc faire du stop ou prendre un taxi.
J’ai eu la chance de trouver un chauffeur de taxi très sympa qui m’a permis de faire quelques trajets à un bon prix. Sinon j’ai fait du stop, en général pour revenir une fois mes randonnées terminées.

Transports entre Erevan et Yeghegnadzor

Depuis Erevan, les marshrutkas (minibus) pour Yeghegnadzor partent depuis ce point exact sur l’Avenue Arshakunyats. Pour vous y rendre, il vous faudra prendre le métro jusqu’à la station Gortsaranayin puis prendre à droite à la sortie de la station sur la grande avenue pour rejoindre le rond-point. Traverser la route et prendre à gauche sur l’Avenue Arshakunyats. Le trajet dure 2 heures et coûte 1 200 AMD (~2,3 €). Il y en a très régulièrement et le dernier est à 17h. Cependant je vous recommande de vérifier avant car cela peut dépendre des jours de la semaine. Le marshrutka vous déposera exactement ICI.

Pour retourner à Erevan depuis Yeghegnador en marshrutka, il faut attendre ICI. Il y en a également très régulièrement mais ils sont souvent bondés. Le dernier part vers 16h ou 17h.

Si vous souhaitez vous rendre directement de Yeghegnador à Goris, cela est normalement possible mais personnellement je n’ai pas réussi à trouver l’information pour le faire. Je suis donc retournée à Erevan pour une journée pour ensuite redescendre à Goris.

Mon avis sur Yeghegnadzor et sa région

J’ai vraiment beaucoup aimé cette région. Même si la ville n’a pas grand d’intérêt, les alentours regorgent de belles randonnées à faire pour partir à la découverte d’anciennes forteresses ou de beaux monastères, plus ou moins connus, perdus dans les montagnes (Noravank, Spitakavor…) De quoi allier nature et culture !
Je ne peux que vous conseiller d’intégrer Yeghegnadzor à votre itinéraire de voyage en Arménie et d’y passer 2 jours voire plus…
Les habitants de la région n’ayant pas l’habitude de voir des femmes touristes randonner seules dans leurs montagnes, ils se sont montrés extrêmement accueillants et généreux avec moi.


Voyage réalisé mi-septembre 2019