Pour ceux qui continuent vers la Géorgie par la route (ou qui en arrivent), Alaverdi est la dernière étape avant le changement de pays (ou la première dans l’autre sens). Mais pour autant, je vous conseille de vous y arrêter ou d’y venir et de prendre le temps de découvrir les jolies pépites de la région. La région d’Alaverdi a été pour moi, mon 2e coup de cœur du pays, après la région de Yeghegnadzor. Il y a de magnifiques monastères à découvrir (celui d’Akhtala est un vrai petit bijou, totalement différent de tous les autres monastères arméniens) et il y a également de jolies randonnées à faire, qui traversent notamment l’immense canyon de Debed.
Cependant, la région d’Alaverdi est l’une des plus pauvres du pays. Il faut savoir que la ville fut un énorme pôle minier lors de l’ère soviétique. D’énormes usines d’extraction de cuivre ont été construites dénaturant vraiment le paysage par endroit. Aujourd’hui, la plupart des usines ne fonctionnent plus laissant ainsi de nombreux bâtiments et logements à l’abandon.
Vous ne serez donc pas surpris de découvrir l’architecture d’Alaverdi, tellement soviétique du XXe siècle. Mais heureusement, au-delà de ça, la région offre de belles découvertes !
J’ai passé une journée et demie dans la région : un après-midi pour visiter les monastères d’Akhtala et d’Odzoun et randonner dans le Debed canyon depuis Odzoun jusqu’à Alaverdi et une journée pour visiter les monastères de Haghbat et Sanahin (tous les deux classés à l’UNESCO) et faire une belle randonnée dans le Debed Canyon qui relie les deux monastères.
Visite du monastère d’Akhtala
A peine arrivée à Alaverdi, j’ai décidé de partir à la découverte des monastères de la région. Le monastère d’Akhtala n’était pas du tout sur ma liste car je n’en avais jamais entendu parler. Je l’ai découvert dans un petit guide à la guesthouse et j’ai tout de suite été attirée par les belles peintures colorées à l’intérieur de l’édifice, ce que je n’avais jamais vu jusqu’ici dans les monastères arméniens.
Situé à 25 km d’Alaverdi au nord, j’ai donc négocié un taxi.
Petite info inutile, j’ai eu droit à une Opel Astra rouge et je me suis fait le constat que la majorité des voitures en Arménie sont des Lada ou des Opel Astra !
J’ai payé 5 000 AMD (~9,5 €) pour faire le monastère d’Akhtala et le monastère d’Odzoun. La route pour s’y rendre est en mauvais état mais traverse le fond du Debed Canyon. La beauté des paysages, une fois passé Alaverdi, fait vite oublier les secousses.
Le monastère tient toutes ses promesses. Lorsque je rentre à l’intérieur, je ne peux m’empêcher de lâcher un gros Waouh ! En effet, tous les monastères arméniens que j’avais visités jusqu’ici n’avaient pas vraiment d’ornements à l’intérieur. Mais celui-là est vraiment incroyable avec ces fresques aux couleurs bleues.
Et le cadre, encore une fois, est superbe car il est entouré de jolies collines aux couleurs automnales !
Monastère d’Odzoun et randonnée Odzoun – Alaverdi
× 6 km | 250 m D- | Aller simple (arrivée à Alaverdi)
Le monastère d’Odzoun est situé dans le village du même nom, sur les hauteurs d’Alaverdi.
La route qui y monte serpente dans le Debed Canyon, c’est vraiment grandiose. J’ai presque envie de demander au chauffeur de s’arrêter à chaque virage pour que je puisse faire des photos.
Encore une fois improvisée, je décide de regarder sur mon téléphone s’il n’y a pas une petite randonnée à faire pour redescendre à pied dans ce magnifique canyon. Et bingo, j’en trouve une de 6 km pour rentrer à la guesthouse.
Mais d’abord, je visite le monastère d’Odzoun. Un prêtre m’accoste et j’ai droit à une petite visite guidée et privée gratuite. Il est protestant, marié et a 4 enfants. Comme il me dragouille un peu, je lui fais croire que je suis mariée également et que j’ai 2 enfants !
Le monastère est fermé mais il me l’ouvre pour me le faire visiter. Le monastère a été construit au VIe siècle mais il m’explique que certaines pierres de la structure dateraient du IVe siècle. J’ai même droit à un petit concert improvisé et privé. L’écho est juste incroyable, ça donne la chair de poule.
A l’extérieur de tous les monastères arméniens, vous trouvez des stèles funéraires finement taillées et légèrement arquées sur le dessus appelées khatchkars. Ici, c’est la première fois que je vois une stèle à deux arcs avec deux stèles à l’intérieur.
C’est l’heure maintenant de commencer la randonnée car le soleil tombe vite. Comme ce n’était pas prévu, je ne suis pas du tout habillée pour marcher mais tant pis, ce ne sont que 6 km.
Le chemin descend dans le canyon, c’est magnifique. Je suis quasi seule au monde, je croise seulement un fermier avec ses 3 vaches. Les paysages sont grandioses et c’est calme.
Conseil : j’ai fait cette randonnée en fin d’après-midi, je vous conseille de ne pas le faire trop tard car l’ombre était déjà pas mal arrivée dans le canyon.
Le chemin débouche ensuite sur la route. Plusieurs voitures me proposent de me descendre mais je préfère marcher. Et puis c’est tellement beau, je préfère en profiter et prendre des photos. Et j’avais même repéré des vendeurs de fruits sur le bord de la route, je voudrais leur acheter des figues fraîches (pas chères et tellement délicieuses).
Randonnée entre les monastères de Haghbat et Sanahin
× 8 km | 250 m D+ | Aller simple (arrivée à Sanahin)
Pour rejoindre le monastère d’Haghbat, il vous faudra prendre un taxi. Je pense qu’il doit être possible d’y aller en marshrutka, mais comme nous étions 3 ce jour-là, il était plus simple de partager un taxi. Nous avons payé 1 500 AMD (~2,9 €) pour l’aller simple.
Il nous dépose au centre du petit village de Haghbat où se trouve le monastère. Il a été construit en 976 (rien que ça) et est vraiment très joli. Le site est composé de plusieurs édifices dont un recouvert de tombes en pierre (comme dans beaucoup de temples ici) et dont une tour clocher, assez rare à voir dans les monastères en Arménie. Dans une des églises, je tombe sur un prêtre en train de réciter des textes tout en ayant sa croix posée sur la tête d’une femme. Je regarde la scène attentivement plusieurs longues minutes, intriguée par ce rituel.
La vue tout autour du monastère est également vraiment très chouette.
Sur la petite place du village, vous trouverez de nombreuses échoppes de souvenirs et de nourriture. On achète donc de quoi pique-niquer (notamment des grandes ficelles de fromage fumé, très pratique à transporter) et j’en profite même pour m’acheter une petite fiole de cognac.
J’ai appris la veille que l’Arménie était réputée pour son cognac, il faut donc que je goûte avant de partir en Géorgie, le lendemain. Et honnêtement, je pensais détester mais finalement j’ai bien aimé.
On est donc prêt pour débuter la randonnée. Ici les couleurs d’automne sont déjà beaucoup plus marquées qu’à Dilijan alors qu’on est à seulement 90 km. La forêt est jaune et les différents points de vues sur le Debed Canyon sont vraiment jolis. On traverse de grandes prairies et également un petit village typique où les enfants nous saluent, comme en Asie. 8 km plus loin, nous arrivons au monastère de Sanahin.
On visite le monastère de Sanahin, vraiment très beau, encore une fois. Ce monastère était un des plus célèbres centres religieux et culturels en Arménie entre le Xe au XIIIe siècle. J’ai adoré l’église avec ses nombreuses tombes au sol et sa coupole aux reflets rouges.
Pour rentrer, on décide de prendre le bus local (ces vieux bus jaunes au style un peu américain). Mais difficile de trouver celui qui pourrait nous descendre à Alaverdi et surtout, comme la guesthouse n’est pas dans le centre, il nous faudra, dans tous les cas, prendre un taxi après. On négocie donc un taxi à 1 000 AMD (~1,8 €).
Conseils pratiques
Où dormir à Alaverdi ?
J’ai séjourné 2 nuits au Iris Bed and Breakfast. J’ai beaucoup aimé cette guesthouse située à l’écart de la ville. Iris offre un superbe accueil et il y a une jolie vue sur les collines.
II n’y pas vraiment de dortoir mais le prix est vraiment correct : 5 000 AMD (~9,5 €) pour la nuit et 4 000 AMD (~7,6 €) pour le dîner, très copieux.
Où manger à Alaverdi ?
Comme la guesthouse est excentrée de la ville, j’ai pris mes deux dîners là-bas et mangé sur le pouce pour mes déjeuners. Si vous y allez comme moi, en septembre, vous trouverez plein de vendeurs de figues au bord de la route. Goûtez-y, elles sont succulentes et vraiment pas chères.
Randonner dans la région d’Alaverdi
Comme partout en Arménie, j’ai trouvé mes randonnées sur le site (et aussi application) Hike Armenia.
Vous pouvez télécharger ICI la randonnée qui descend dans le Debed Canyon depuis le village d’Odzoun jusqu’à Alaverdi.
Et voici le lien pour télécharger le randonnée entre les deux monastères de Haghbat et Sanahin.
Se déplacer autour d’Alaverdi
Il est possible de se déplacer en bus locaux si vous séjournez dans le centre d’Alaverdi et qu’on vous donne les indications.
Comme la guesthouse Iris était excentrée, j’ai préféré prendre un taxi pour gagner du temps, voici le prix que j’ai payé :
- visiter les monastères d’Akhtala et Odzoun : 5 000 AMD (9,5 €) incluant l’attente au monastère d’Akhtala.
- rejoindre le monastère Haghbat : 1 500 AMD (2,9 €)
- entre Sanahin et la guesthouse : 1 000 AMD (1,8 €)
Venir à / partir de Alaverdi
Depuis Dilijan, il existerait un marshrutka (bus local) direct pour Alaverdi mais je ne l’ai jamais vu. Il faut donc faire un premier trajet jusqu’à Vanadzor et changer pour aller à Alaverdi. Si vous logez comme moi au Iris Bed and Breakfast, dites-le au chauffeur ou bien guettez sur le gps de votre téléphone pour qu’on vous arrête au niveau de la guesthouse, avant d’arriver à Alaverdi. Cela vous évitera d’avoir à marcher ou de devoir prendre un bus ou taxi dans l’autre sens.
Après Alaverdi, je suis passée en Géorgie et j’ai rejoint directement Tbilissi. J’ai demandé à Iris de me réserver un taxi partagé pour faire le trajet. Le départ se fait le matin entre 9 et 10h et il vous en coûtera 5 000 AMD (~9,5 €). J’espère pour vous que vous aurez un chauffeur un peu moins fou que le mien qui double n’importe comment et conduit à toute allure.
Le passage de la frontière est très rapide et on arrive à Tbilissi après seulement 2h30 de route. Attention, demandez bien au chauffeur où il vous dépose car le mien nous a lâché au milieu de nulle part, dans la capitale. Il y avait de nombreux arrêts de bus mais aucun distributeur pour retirer de la monnaie locale et je n’avais pas internet. Le chauffeur propose de m’emmener au centre de la capitale pour 10 euros mais je refuse catégoriquement car c’est le même prix que pour faire Alaverdi-Tbilissi.
Je vous conseille donc de changer de l’argent si vous le pouvez avant de passer la frontière.
Heureusement une autre touriste était avec moi et m’a payé le taxi (seulement 3 €) pour rejoindre le centre de la ville.
Mon avis sur Alaverdi et sa région
J’ai adoré cette région qui comme je vous le disais plus haut dans l’article est mon 2e coup de cœur du pays après la région de Yeghegnadzor. On peut y faire de belles randonnées dans le canyon de Debed et les monastères sont vraiment très jolis avec une mention particulière pour le monastère d’Akhtala qui est vraiment différent de tous les monastères que j’avais pu voir en Arménie (et dieu que j’en ai visités une ribambelle !)
Si vous avez le temps dans votre voyage en Arménie et encore plus si vous combinez l’Arménie avec la Géorgie, Alaverdi est un passage obligé sur la route entre les deux pays. Je vous conseille vraiment de vous y arrêter. J’y ai passé une grosse journée et demie et j’ai adoré !
Voyage réalisé fin septembre 2019