Kazbegi (rebaptisée Stephantsminda depuis une dizaine d’années) est une petite ville située au nord de Tbilissi, au pied des sommets du Caucase. Derrière les montagnes, c’est la Russie ! La particularité de Kazbegi, c’est son église, l’Église de la Trinité de Guerguétie, perchée au sommet d’une colline dans l’alignement presque parfait du sommet du Mont Kazbek, un ancien volcan tout vêtu de rouge… et accessoirement le deuxième plus haut sommet de Géorgie du haut de ses 5 047 m. Ça donne envie non ?

Avec toutes ces montagnes, la région regorge naturellement de jolies randonnées pour découvrir des glaciers, des lacs, des forteresses ou même des villages abandonnés… il y en a pour tous les goûts et aussi pour tous les niveaux !

Contrairement à Mestia et Ushguli, en Svanétie, la ville de Kazbegi n’a pas vraiment de charme si ce n’est la jolie église qui la surplombe et les sommets qui l’entourent. De plus, sa proximité avec Tbilissi, la capitale, en fait une destination beaucoup plus accessible que la Svanétie. Vous croiserez donc davantage de touristes et de locaux venus pour le week-end.
Mais, si vous aimez les randonnées, je vous conseille vraiment d’intégrer Kazbegi et ses montagnes à votre itinéraire de voyage en Géorgie.

J’ai passé 3 jours à Kazbegi pour randonner dans les alentours : 1 jour de randonnée pour rejoindre l’incontournable Église de la Trinité et monter jusqu’au glacier Gergeti, au pied du Mont Kazbek, 1 jour pour randonner dans la vallée de Truso et 1 journée dans la vallée de Juta. J’ai adoré chacune de ces randonnées avec des paysages différents.

Si vous avez davantage de temps, vous pourrez même faire des treks de plusieurs jours. Par manque de temps et d’organisation, je n’ai pas pu faire le trek de 2 jours reliant Juta à Roshka qui passe par de magnifiques paysages et de nombreux lacs d’altitude.

Découverte de Kazbegi

La ville est divisée en deux parties par la rivière qui la traverse. D’un côté vous trouverez de nombreuses rues bien quadrillées où se trouvent la majorité des commerces, restaurants, hôtels de luxe, guesthouses… De l’autre côté du pont, on retrouve un petit quartier que je pourrais surnommer le vieux Kazbegi : certaines rues non goudronnées et quelques guesthouses. Les habitations sont plus sommaires et on y trouve davantage de vie locale.

Comme je le mentionnais précédemment, pas vraiment d’intérêt à visiter la ville mais je peux tout de même vous conseiller de monter dans les rues du quartier “touristique”. Le mieux est de se rendre jusqu’à ce point en prenant le petit sentier qui monte au-dessus du Rooms Hotel Kazbegi via le parking de l’hôtel. Vous aurez une magnifique vue sur l’Église de la Trinité de Guerguétie avec en arrière-plan les sommets du Caucase et le Mont Kazbek. C’est pour moi la plus belle vue sur la ville. Vous pourrez continuer sur ce petit sentier pour faire une boucle et redescendre en ville vers le supermarché.

Randonnée vers l’Église de la Trinité et le glacier Gergeti, au pied du Mont Kazbek

Pour l’église :
×    6 km    |    500 m D+    |    Aller-retour

Pour le glacier :
×    18 km    |    1 550 m D+    |    Aller-retour

Le chemin de randonnée monte tout d’abord sur la route dans le “vieux Kazbegi” puis bifurque sur la gauche sur un vrai sentier, vers une ancienne tour en ruines, dans la vallée de Bashi. On m’avait conseillé de monter par la gauche (quand on regarde l’église) et effectivement, aucun regret car le chemin serpente entre les collines dorées et longe un petit ruisseau. La montée est très raide mais j’y arrive finalement en 40 minutes au lieu des 1h30 annoncées.

Personnellement, je trouve que la visite de l’Église de la Trinité de Guerguétie n’a rien d’extraordinaire mais la vue depuis l’immense terrasse et sa localisation sont vraiment incroyrables.
Je passe un petit moment à faire des clichés dans tous les sens et j’en profite pour faire voler le drone !

Mais je reprends mon chemin car l’idée est de continuer beaucoup plus haut pour aller voir le Mont Kazbek de plus près et surtout découvrir le glacier Gergeti.

Même si vous ne faites pas la randonnée jusqu’au Mont Kazbek, je vous conseille tout de même de monter au sommet de la colline derrière l’église.

Le chemin est raide et long… mais dès que je me retourne pour faire une pause, je prends un shoot de beauté qui me redonne tout de suite la motivation pour continuer.
Après cette bonne montée à cracher mes poumons, le chemin débouche sur un col Sabertse (2 900 m) d’où la vue est panoramique et grandiose. Ça me motive clairement à aller encore plus haut, au pied du glacier.

En début de saison ou même dans l’été, il peut rester quelques névés (plaques de neige) rendant le chemin difficilement accessible. Je vous conseille de ne pas prendre de risques et de faire demi-tour.

Le chemin grimpe jusqu’à un refuge, contournant l’espèce de canyon creusé par l’eau qui s’écoule du glacier. Le sentier croise de nombreux ruisseaux et passe très proche d’une grande cascade avant d’arriver littéralement au pied du glacier. C’est grandiose ! La scène est presque surréaliste : le blanc du glacier contraste parfaitement avec les reflets rouges du Mont Kazbek.

Certaines personnes s’amusent à monter sur le glacier sans équipement adapté. Je vous le déconseille fortement, une chute est si vite arrivée (j’ai clairement failli y passer en Patagonie en glissant sur un glacier). Ne prenez pas de risques inutilement !

J’ai le souffle coupé dans tous les sens du terme. Et je comprends pourquoi, on est à 3 300 m d’altitude ! Pas étonnant que je respire un peu moins bien et que j’en ch**. Je prends mon pique-nique et en profite pour faire voler le drone. Vu du ciel, on découvre l’immensité du glacier.

Glacier Gergeti et Mont Kazbek vu du ciel
Glacier Gergeti et Mont Kazbek vu du ciel drone

C’est l’heure de redescendre, si je ne veux pas me faire piéger par la nuit. Mais, mon dieu, la descente est encore plus raide. J’essaye de courir quand je le peux car mes genoux me font vraiment souffrir. Je reviens vers l’église juste à temps pour l’immortaliser sous les derniers rayons de soleil avant qu’elle ne disparaisse dans l’obscurité.

coucher de soleil sur l’Église de la Trinité de Guerguétie

Randonnée dans la vallée de Truso

×    20 km    |    250 m D+    |    Aller-retour

Point de départ : hameau de Kvemo Okrokana

Le chauffeur qui m’emmène dans la vallée de Truso (Rubrique se déplacer) conduit une de ces voitures japonaises avec le volant à droite, alors que le sens de circulation est le même qu’en France. Il y a énormément de modèles de voitures avec le volant à droite, je trouve ça vraiment dangereux, notamment pour doubler. Du coup, sur la route, comme je suis assise à côté du chauffeur, c’est moi qui lui fais signe pour lui indiquer s’il peut doubler ou non. C’est quand même bizarre d’être à la place du conducteur sans conduire !

Le début de la randonnée se fait à l’entrée d’un petit village complètement perdu au fond de la vallée. L’ensemble de la randonnée longe la rivière Terek, impossible de se perdre !

Les premiers kilomètres suivent un chemin au fond d’une sorte de canyon qui débouche ensuite sur une grande vallée plate entourée de sommets enneigés. On y traverse plusieurs villages abandonnés et même un petit monastère. Juste avant le village fantôme de Ketrisi, guettez sur votre droite, une grosse flaque orange et des formes blanches dûes au souffre qui s’écoule des canalisations.

L’arrivée de la randonnée est le château de Zakagori, vieux château en ruines situé au sommet d’une petite colline.

Bizarrement, à la période où j’y étais, il y avait un camp militaire et la piste était barrée pour ne pas continuer plus loin (problème de frontière avec la Russie, il me semble). Les militaires régulaient également la montée au château, autorisant seulement 30 minutes là-haut.

Juste le temps de prendre quelques photos de la sublime vue panoramique et de pique-niquer !

Puis je reprends le chemin en sens inverse. Moi qui étais l’une des premières à marcher dans la vallée, je croise beaucoup de monde dans l’autre sens à pied et même des touristes venus en voiture.

C’est un peu l’un des points négatifs en Géorgie : la plupart des randonnées que j’ai faites sont également accessibles par une piste permettant aux touristes (ou locaux) fortunés et/ou fainéants de venir en voiture !

Mais aucun regret de mon côté, cette randonnée est vraiment chouette et passe par des jolis paysages contrastés entre la vallée toute dorée et les sommets enneigés.

vue du ciel drone sur la vallée de Truso alentours de Kazbegi, Géorgie

Randonnée dans la vallée de Juta

×    17 km    |    250 m D+    |    Aller-retour

Point de départ : village de Juta

La randonnée commence tout de suite par une grimpette bien raide dans le village de Juta. L’objectif du jour est d’aller jusqu’au Chaukhi Pass à 8,5 km de là (c’est le même chemin que pour le trek de 2 jours Juta – Roshka) mais comme j’ai des courbatures partout suite à mes randos des jours précédents, je préfère ne pas trop me mettre la pression.

Encore une fois, je suis l’une des premières à randonner dans la vallée, surnommée “les Dolomites géorgiennes” à cause de la forme de ses montagnes, et notamment du Mont Chaukhi. Et je comprends vite pourquoi… après avoir quitté le village et avancé un peu dans la vallée, je dépasse un petit restaurant et d’un coup le Mont Chaukhi, aux airs de Tre Cime, apparait. Et effectivement, je dois avouer qu’il y a un petit air (même si je ne suis jamais allée dans les vraies Dolomites) !

vue drone vallee de juta et chaukhi pass

Le chemin monte en pente douce dans le creux de la vallée aux couleurs dorées tout en longeant un petit cours d’eau. En ligne de mire, et il ne nous quitte pas, le Mont Chaukhi qui veille sur les lieux. Avant de bifurquer à gauche pour rejoindre le col, il y a un petit lac au pied du sommet. Le coin est vraiment magnifique.

En été, il y a ici une petite guinguette et des chaises longues où il est possible de se poser et grignoter un petit quelque chose. Comme j’y étais en hors saison, tout était fermé.

Je décide d’avancer un peu en direction du col mais entre ma fatigue extrême après plusieurs mauvaises nuits et mes courbatures, je décide, 3 km avant le col, de faire demi-tour. Je suis plutôt énervée contre moi-même car normalement j’ai du mental mais pour une fois, je préfère écouter mon corps et redescendre me poser à côté du petit lac pour profiter du soleil. J’en profite pour pique-niquer face aux montagnes qui se reflètent dans l’eau du lac. C’est vraiment très beau et paisible !

Puis il est déjà l’heure de redescendre tranquillement dans la vallée. Ici aucune voiture, le chemin n’est pas carrossable, pour mon plus grand bonheur.
C’était encore une belle randonnée et un beau coin à découvrir. Le contraste de la vallée dorée (à cause de l’herbe brûlée de la fin d’été), le ciel bleu, le petit lac… j’ai adoré et je vous conseille si vous avez le temps, de faire le trek de 2 jours Juta-Roshka.

Conseils pratiques

Où dormir à Kazbegi ?

J’ai séjourné 4 nuits à Kazbegi dans la Guesthouse HQ of Nove Sujashvili. La grande maison est située de l’autre côté de la rivière, dans un quartier beaucoup plus calme et moins touristique que le centre de Kazbegi. Nana, la propriétaire, est adorable, les dortoirs et salles de bains sont propres et confortables. Il y a un jardin et une terrasse et il est possible de cuisiner dans la grande cuisine bien équipée. Un gros plus car les restaurants de la ville n’ont pas très bonne réputation en terme de qualité et de prix !

Où manger à Kazbegi ?

Comme j’avais lu pas mal de mauvais commentaires sur la majorité des restaurants de la ville (cher et pas très qualitatif), ce qui m’a ensuite été confirmé par d’autres backpackers croisés pendant mon voyage, je n’ai testé aucun restaurant à Kazbegi et j’ai cuisiné tous les soirs dans ma guesthouse. Il y a un petit supermarché de l’autre côté du pont où vous trouverez de quoi cuisiner !

Randonner dans la région de Kazbegi

Pour monter à pied à l’Église de la Trinité de Guerguétie, je vous conseille de monter par la gauche (face à la montagne) et de redescendre soit par le même chemin soit par celui de droite. Pour trouver le début du chemin, monter dans le vieux Kazbegi puis tourner à gauche au bout de la route. Vous passerez devant le Gergeti Cafe et un petit parking. Le chemin passe ensuite à côté d’une ancienne tour en ruines et monte dans la vallée.
C’est le plus joli chemin pour monter mais aussi le plus calme, loin de la route !
Pour continuer jusqu’au col Sabertse et au glacier Gergeti, vous ne pourrez pas vraiment vous tromper, il suffit de continuer sur le plat derrière l’église et de monter en direction du Mont Kazbek, tout rouge. Deux itinéraires existent, le normal et un autre chemin un peu plus haut. J’ai pris l’itinéraire classique mais je pense que celui qui est un peu plus haut offre des panoramas encore plus beaux ! Itinéraire téléchargeable et plus d’informations ici (en anglais).

Pour randonner dans la vallée de Truso jusqu’au château Zakagori, pareil, vous ne pourrez pas vous tromper. Le chauffeur vous déposera au début d’un petit canyon qui débouche sur la vallée de Truso. Il suffit de longer la rivière et de suivre la route en terre carrossable jusqu’au château, mais voici l’itinéraire si vous souhaitez le télécharger.

Le début de la randonnée dans la vallée de Juta est un peu plus compliqué à trouver dans le village : le mieux est de monter dans le village et de marcher en direction du restaurant situé plus haut, nommé Fifth Season. De là, vous ne pourrez pas vous tromper, vous suivez l’unique chemin qui monte en pente douce dans la vallée jusqu’au petit lac au pied du Mont Chaukhi. Si vous souhaitez continuer jusqu’au Chaukhi pass, voici le lien de la randonnée.

Se déplacer dans la région de Kazbegi

Pour rejoindre la vallée de Truso et la vallée de Juta, il faut être véhiculé, prendre un taxi ou réserver un trajet à l’avance. Le taxi est très bien pour un aller simple mais pour le retour, les coins sont tellement perdus, que vous ne trouverez aucun véhicule pour revenir à Kazbegi (à part si vous avez donné un horaire de rendez-vous à votre chauffeur ou le payez pour attendre).

Pour moi, la meilleure solution est de prendre le transport en minibus avec l’agence Mountain Freaks. Il faut réserver à l’avance (pour être sûr d’avoir de la place) directement dans leur bureau au centre de Kazbegi et le trajet aller-retour vous coûtera 30 GEL (~9,5 €). Deux horaires sont possibles, je vous conseille de prendre le plus tôt (9h30 à l’époque) car les chemins de randonnées sont plus calmes le matin.

Transports entre Tbilissi et Kazbegi

Depuis Tbilissi, les marshrutkas pour Kazbegi partent de de la station Didube, au nord de la ville et accessible en métro. Une fois sur place, demandez où sont les marshrutkas pour Kazbegi. Ils partent très fréquemment dès que toutes les places sont occupées. Le prix du ticket est de 10 GEL (~3 €) pour 3 heures de route à travers de sublimes paysages.

Pour retourner à Tbilissi depuis Kazbegi, les départs se font toutes les heures depuis le centre. Le prix est le même.

Au retour vers Tbilissi, j’ai demandé au marshrutka de me déposer à Ananouri. J’ai visité la Forteresse d’Ananouri située en surplomb d’un beau lac à la couleur turquoise. Lire mon article dédié aux alentours de Tbilissi.
Pour finir la route jusqu’à Tbilissi (à 65 km de là), vous pouvez soit faire du stop soit attendre le prochain marshrutka.

Forteresse Ananouri à côté du réservoir Zhinvali

Mon avis sur Kazbegi et sa région

J’ai vraiment adoré la région de Kazbegi pour la diversité et la beauté de ses paysages. J’ai enchaîné 3 randonnées mais aucune ne se ressemblait :  le glacier et les couleurs rouges du Mont Kazbek, la magnifique vue depuis l’Église de la Trinité de Guerguétie, la vallée de Truso avec ses sommets enneigés, ses villages abandonnés et sa forteresse en ruine et la vallée de Juta, toute dorée avec son petit lac et ses airs de Dolomites.
Cependant, la région est vraiment touristique et ce n’est pas ici que vous ferez de grandes rencontres avec les locaux ni mangerez dans les meilleurs restaurants. Mais si vous aimez les grands espaces et les randonnées, Kazbegi doit figurer sur votre itinéraire de voyage en Géorgie et offre des paysages différents de la Svanétie entre Mestia et Ushguli.


Voyage réalisé début octobre 2019