Kutaisi est une étape très sympathique sur la longue route qui relie Mestia, dans les montagnes de Svanétie à Tbilissi, la capitale. La ville offre une certaine douceur de vivre et des environs verdoyants où se perdent de jolis monastères et autres curiosités. Si vous êtes prêts à bouger un peu, vous pourrez même y découvrir un monastère perché en haut d’un piton rocheux aux airs de Météores grecques mais aussi la ville de Chiatura, comme arrêtée dans le temps !
Dès que je suis arrivée à Kutaisi, je ne sais pas pourquoi mais je m’y suis sentie bien. Même si c’est en réalité la 2ème plus grande ville de Géorgie et que je ne suis pas très citadine, Kutaisi m’a tout de suite paru paisible. Vous pourrez flâner dans les différents quartiers de la ville, découvrir son beau et grand marché couvert et visiter la grande cathédrale de Bagrati dominant la ville.
J’ai passé 2 jours et demi dans la région : une petite journée pour découvrir les beaux monastères de Ghélati et Motsameta, une bonne grosse demi-journée pour visiter la ville de Kutaisi et une journée pour découvrir l’église du Piton rocheux de Katchkhi et la ville de Chiatura.
Découverte de Kutaisi
Quand on se balade dans le centre de Kutaisi, on ne s’imagine pas une seule seconde être dans une des plus grandes villes de Géorgie avec pas moins de 200 000 habitants. On se croirait plutôt dans un petit village. Ce que j’ai aimé également c’est que la ville n’est pas très touristique et donc plutôt authentique.
Une chose m’a interpellée en me baladant dans Kutaisi : je n’ai jamais vu autant de chiens errants qu’en Géorgie et encore plus ici. Ils sont gentils et pour la plupart propres mais il y en a partout ! Ce qui est plutôt bien, contrairement à l’Asie, c’est que les locaux les acceptent et leur donnent même à manger de temps en temps. Les chiens ont l’air plutôt en bonne santé mais c’est triste de voir comme ils demandent des câlins. Je ne peux pas m’en empêcher, je les caresse et ensuite ça me fend le cœur. Dans les grandes villes, tous les chiens ont une identification (une puce jaune à l’oreille) et ils seraient apparemment vaccinés tous les ans.
Le centre historique est situé tout autour de l’immense place principale avec son parc arboré et sa belle et grosse fontaine dorée : d’un côté on y trouve un quartier plutôt chic aux rues pavées bordées de bâtiments en pierre avec de nombreux commerces et cafés chics et de l’autre un quartier plus simple avec de nombreux stands de rues, des petites échoppes et le grand marché de la ville. Le centre est relativement petit et se découvre tranquillement en flânant dans les rues.
En vous baladant proche de la rivière, vous ne pourrez pas manquer le Pont Blanc (White Bridge). Ce pont a été construit par, ni plus ni moins que Gustave Eiffel en personne !! Oui, oui le même qui a construit la Tour Eiffel ! Certaines parties du pont sont vitrées, laissant entrevoir la rivière qui coule sous nos pieds.
Depuis le pont, vous serez sûrement interpelés par les deux minuscules téléphériques rouge et jaune qui traversent la rivière, permettant de rejoindre une colline au dessus de la ville où se trouve un grand parc avec de nombreuses attractions, le Besik Gabashvili Amusement Park.
Les téléphériques datent de l’ère soviétique (années 1950) et n’ont guère changé depuis.
Je ne peux que vous conseiller de monter à bord de ces petits téléphériques car même si le trajet est court, c’est plutôt marrant de se retrouver dans ces toutes petites cabines toutes branlantes. C’est une expérience vraiment originale et pas chère, 2 GEL pour l’aller-retour (~0,6 €) et la vue sur la ville est plutôt chouette. Par contre, le parc à l’arrivée n’a pas vraiment d’intérêt, c’est plus le trajet en téléphérique en lui-même qui est à faire !
Le départ se fait dans le parc situé à côté du White Bridge. Il n’y a pas vraiment d’horaires, les trajets se font en fonction de la demande.
Une autre curiosité que vous ne pourrez pas rater : la cathédrale de Bagrati qui domine la ville. On ne voit qu’elle ! Pour la rejoindre, je vous conseille de monter à pied. Depuis le centre, traversez la rivière Rioni par le pont, The Chain Bridge et empruntez la ruelle Bagrati qui serpente jusqu’au sommet de la colline.
On est dimanche lorsque je visite la cathédrale, il y a de nombreuses cérémonies qui s’enchaînent. J’ai même la chance de pouvoir assister à un mariage à l’intérieur de l’église et c’est vraiment différent de chez nous.
Mais surtout, quelque chose m’intrigue, et ce n’est pas la première fois que je me fais la réflexion : les géorgiens font leur signe de croix à l’envers. Au moment où j’écris ces lignes, j’ai donc cherché sur internet et en fait les orthodoxes font le signe de croix à l’inverse des catholiques… (j’ai quand même passé plus de 2 semaines en Arménie et je n’avais pas vraiment fait attention à ce détail !)
Les églises géorgiennes n’ont pas du tout la sobriété des monastères arméniens et des églises françaises. Ici, on est davantage sur du rococo, des couleurs et du “bling bling” !
N’oubliez pas de découvrir le jardin autour de l’église où vous pourrez apercevoir des anciens vestiges mais surtout admirer la vue panoramique sur la ville et les montagnes en arrière-plan.
Après l’église, je vous conseille de vous balader dans le petit quartier autour pour rejoindre une autre petite église, la St. George’s Church, beaucoup plus calme et moins touristique. Entourée de verdure, c’est un petit havre de paix qui offre un joli point de vue sur la Cathédrale.
Une chose à ne vraiment pas manquer… enfin, si comme moi vous aimez les marchés ! C’est l’une de mes activités favorites en voyage. Le marché couvert de Kutaisi est situé en plein centre, juste ici.
Il est grand et il y a des étales partout. J’aurais pu y rester des heures, à me balader, à prendre des photos… Et j’y passe littéralement plus d’une heure ! Le marché est organisé par produits et on y trouve toutes les spécialités locales. D’un côté, les herbes fraîches (et oui ils adorent mettre du persil, de l’aneth ou même de la coriandre en abondance dans tous leurs plats) et de l’autre, les étales de fruits secs avec notamment les noix qu’ils adorent. Ils les préparent en pâte ou en churchkhela, confiserie typique qui ressemble à un cierge d’église ! Il s’agit en fait de fruits secs enfilés sur une ficelle puis trempés à plusieurs reprises dans du jus de raisin épaissi. On la surnomme “la barre énergétique géorgienne”, je vous conseille vraiment de goûter !
On trouve aussi de nombreux stands de fromages, de fèves de toutes les couleurs, de pain… Bref, si vous aimez les marchés autant que moi, vous ne pourrez qu’aimer !
Les monastères de Ghélati et Motsameta
Le monastère de Ghélati, fondé en 1106, était très important au Moyen-âge et est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Il est accessible en marshrutka depuis Kutaisi, comptez 20 minutes de route.
Dommage quand je visite le monastère de Ghélati, il y a des travaux sur les façades mais l’intérieur est superbe avec de belles peintures colorées sur tous les murs.
Cela me rappelle le monastère d’Akhtala, dans le nord de l’Arménie. C’était le seul monastère d’Arménie que j’avais visité qui avait un intérieur coloré mais ici, en Géorgie, c’est plus la normalité !
Le marshrutka pour repartir est seulement 40 minutes plus tard. Si je le ratais, c’était plusieurs heures après !
Pour rejoindre le monastère de Motsameta, je reprends le marshrutka en sens inverse mais demande au chauffeur de me déposer à mi-chemin, au bord de la route ici pour ensuite rejoindre le monastère de Motsameta à pied (2 km au bord d’une petite route). Cette petite balade permet d’avoir à la fois une jolie vue d’un côté sur le monastère de Ghélati et sur celui de Motsameta, perché sur les hauteurs d’une colline entouré d’un bras de rivière. Magnifique!
L’ensemble monastique est plutôt grand mais seule une petite église se visite. La visite est donc plutôt rapide mais le cadre est vraiment chouette ! Le monastère est littéralement entouré par le précipice et l’église, ainsi que les habitations des moines, sont comme suspendues dans le vide.
Si vous êtes venus en marshrutka, il vous faudra faire du stop ou marcher à nouveau les 2 km pour retrouver la grande route et intercepter un marshrutka (j’ai attendu seulement 5 minutes).
Piton de Katskhi et la ville de Chiatura
Je voulais absolument m’arrêter à Kutaisi entre autres, car j’avais repéré l’église de Katskhi sur le blog d’Alex Vizeo, située à 1h30 de la ville. Mais clairement, j’ai un peu galéré à trouver comment m’y rendre sans voiture. Mais heureusement un marshrutka permet de s’y rendre directement depuis le terminal central de Kutaisi (un départ toutes les 45 minutes).
Indiquez bien au chauffeur que vous souhaitez vous arrêter à Katskhi. Mais je vous conseille tout de même de guetter sur votre GPS pour être sûr que le chauffeur ne vous oublie pas et vous dépose bien là !
Il vous restera un bon kilomètre à marcher sur une minuscule route. Encore une fois, cette petite balade permet d’apercevoir le piton au loin et de se rendre compte de la hauteur du lieu !
Katskhi c’est quoi ? Une église construite sur un monolithe, un piton rocheux d’une quarantaine de mètres qui rappelle un peu les Météores en Grèce. Le sommet du rocher est tellement petit que l’église est littéralement comme posée dessus et on se demande vraiment comment elle a pu être construite là. Le sommet est accessible par une grande échelle en ferraille mais est interdit aux touristes. Un seul moine vit là-haut et descend en général une fois par semaine ! Il est ravitaillé à l’aide de poulies qui permettent de lui monter des vivres.
Pour ne pas avoir fait 3 heures de route juste pour voir le Katskhi pillar, j’avais repéré Chiatura, une petite ville très prospère au moment de l’apogée de l’empire soviétique et célèbre pour ses nombreux téléphériques permettant de relier les différents quartiers de la ville.
Pour s’y rendre, il suffit de revenir sur la route où le marshrutka vous avait déposé et d’attendre le prochain. Ils se rendent presque tous à Chiatura ! Une fois dedans, il vous faudra un petit quart d’heure pour rejoindre le centre de la ville.
Je me balade dans les rues vraiment très soviétiques. J’avais lu qu’il y avait encore 2 téléphériques qui fonctionnaient encore, je pars donc à leur recherche. Mais en regardant sur internet, je découvre malheureusement qu’ils ne fonctionnent plus depuis quelques mois… Je suis vraiment déçue car il s’agissait apparemment d’une expérience assez unique que de monter à bord de ces vieux téléphériques tous rouillés, avec même quelques trous au plancher. Ils permettaient de se plonger totalement dans l’ambiance des années soviétiques et d’avoir de belles vues sur la ville. Dommage ! Je vais quand même voir la station de téléphérique à moitié désaffectée mais je croise deux femmes qui gardent les lieux. Bizarre ! Les téléphériques sont toujours sur les câbles, dans le ciel !
Je décide donc de rentrer à Kutaisi car c’était vraiment LE truc à faire. En repartant en direction de la station de bus, je rencontre un chauffeur de taxi bien sympa et tombe sur un petit marché local. Les gens sont adorables, ils veulent que je les prenne en photo et un homme m’offre même des châtaignes. Il me montre qu’il les ouvre avec les dents !! Je prends quelques photos et « papote » avec des petites mamies qui essayent de m’apprendre quelques mots de géorgien. Honnêtement, ils ont refait ma journée !
J’aime tellement ces belles rencontres totalement inattendues, ça compense largement le fait que je n’ai pas pu monter dans les téléphériques.
De retour à la station de bus, je dois attendre une heure le prochain marshrutka. Je repère des hommes en train de jouer aux cartes assis sur des pierres et avec une table de fortune. Ils sont contents de voir que je les regarde. Ils me proposent de jouer avec eux mais heu…comment dire… je ne comprends rien à leurs règles et je ne parle pas Géorgien !!
Conseils pratiques
Où dormir à Kutaisi ?
J’ai passé 3 nuits à Kutaisi au Kutaisi Top Home. Je suis assez mitigée sur cet hébergement. Le prix est vraiment correct (12 GEL la nuit), les dortoirs confortables et l’hostel est situé dans un quartier calme à 200 mètres de la place centrale. Cependant, les propriétaires avaient des enfants qui ne faisaient que hurler toute la journée dans les couloirs et le petit-déjeuner (inclus dans le prix) se composait de pomme de terre, tomate et concombre ! Un matin ça va mais les trois, un peu dur !
Où manger à Kutaisi ?
J’ai testé 3 restaurants différents à Kutaisi. Sapere et El-Depo sont situés proche du centre dans un petit quartier de l’autre côté du White Bridge et Papavero est situé en plein centre, dans une rue calme.
- El-Depo : une adresse très réputée pour ses khinkalis (raviolis vapeurs). Le service est très bien et les khinkalis pas chers et copieux.
Pour la petite anecdote dans ce restaurant, j’ai oublié mon portefeuille pour payer mon repas. Grâce au traducteur, j’explique à la serveuse mon problème et propose de lui laisser mon appareil photo en caution. Bon, autant vous dire, que le repas coûtait 0,9€ et que mon appareil valait 1000€… mais bon, au moins elle est sûre que je reviendrai !
- Sapere, wine bar : une jolie adresse située dans un beau bâtiment colonial, une petite terrasse, l’intérieur du restaurant est coloré et très joliment décoré. La carte est créative avec de nombreux vins et l’accueil est agréable.
Pour la petite anecdote, on rigole et sympathise avec le serveur qui nous emmène dehors, après son service, pour essayer son herbe. Apparemment c’est légal en Géorgie de faire pousser de la beuh chez soi mais c’est illégal d’en vendre.
- Papavero : très jolie terrasse dans une petite ruelle piétonne du centre de Kutaisi. Carte très variée. J’avais envie de manger un peu européen et j’ai donc commandé une grosse crêpe ! Bon choix de vin également.
Se déplacer dans les alentours de Kutaisi
Il est plutôt facile de se déplacer en marshrutka dans les alentours si vous êtes prêts à marcher un peu.
Pour vous rendre au monastère de Ghélati, les marshrutkas (2 GEL) partent depuis une petite place derrière le théâtre Meskhishvili à heures fixes : 8h, 11h, 14h, 16h et 18h.
Entre Ghélati et Motsameta, il faut tout simplement reprendre le même marshrutka dans l’autre sens et indiquer au chauffeur que vous voulez aller à Motsameta. Il vous déposera à l’embranchement d’une petite route (ICI) pour que vous finissiez les 2 km à pied.
Pour rentrer de Motsameta à Kutaisi, revenez sur la route principale et héler n’importe quel marshrutka qui rentre sur Kutaisi.
Comptez 4 GEL (~1,25 €) pour tout ce petit périple.
Pour rejoindre Katskhi Pillar et/ou Chiatura, il faudra vous rendre à la station centrale de bus. Les marshrutkas partent environ toutes les 45 minutes. Indiquez bien au chauffeur que vous voulez descendre au Katskhi Pillar pour qu’il vous dépose bien au croisement de la route afin de finir le chemin à pied.
Pour vous rendre du Katskhi Pillar à Chiatura, la plupart des marshrutkas qui passent sur la route y vont directement.
Pour rentrer de Chiatura à Kutaisi, les marshrutkas partent depuis la petite station de bus toutes les heures.
Ces trois trajets m’ont coûté 17 GEL (~5,3 €).
Venir à / partir de Kutaisi
Pour les longues liaisons (Tbilissi, Mestia…), les marshrutkas partent et arrivent de la station centrale de bus. Pour rejoindre le centre de Kutaisi , il faut traverser l’avenue et prendre le marshrutka 1 qui vous déposera sur la place centrale du centre-ville, juste à côté d’un Mcdonald’s. (0.50 GEL).
Pour Mestia, comptez 30 GEL (~9,5 €) pour 4h30-5h30 de route. Je vous conseille de réserver votre trajet la veille.
Pour Tbilissi, le prix est de 13,5 GEL (~4,2 €) pour 3h30-5h30 de trajet vers la station de métro de Didube.
Mon avis sur Kutaisi et sa région
J’ai vraiment bien aimé cette petite étape de quelques jours à Kutaisi. La ville est très agréable (même pour les non citadins). J’ai beaucoup aimé le marché à faire absolument et les différents quartiers situés autour de la place centrale. Je vous conseille un petit tour en téléphérique pour prendre de la hauteur et vivre une expérience plutôt atypique !
Les alentours sont également très sympathiques. Les deux monastères de Ghélati et Motsameta offrent de jolies découvertes dans des paysages plutôt très chouettes. Le Katskhi Pillar est vraiment un curiosité à voir mais seul les plus motivés et avec du temps s’y rendront. Mais l’endroit vaut le coup d’œil même s’il n’y a rien à visiter en soi. Si vous poussez jusque là, faites un petit stop à Chiatura qui, même si les téléphériques ne fonctionnent plus, permet de découvrir une autre facette de la Géorgie et une petite ville au passé soviétique prospère
Voyage réalisé début octobre 2019